Aquamation : une alternative écologique aux méthodes funéraires traditionnelles

Organiser des obsèques amène souvent diverses interrogations et invite à envisager des choix, en accord avec des convictions et valeurs personnelles. L’évolution des mentalités et la recherche de solutions plus respectueuses de l’environnement font naître de nouvelles pratiques funéraires. En France, seules l’inhumation et la crémation sont aujourd’hui autorisées par la loi. D’autres émergent pourtant à travers le monde, suscitant l’intérêt et ouvrant à la discussion.

L’aquamation (ou hydrolyse alcaline) est présentée comme une alternative plus respectueuse de l’environnement. Déjà légalisée au Canada, en Australie ou encore dans plusieurs États américains, cette méthode interroge sur son avenir possible en Europe et en France. Qu’est-ce que l’aquamation ? Comment fonctionne-t-elle ? En quoi diffère-t-elle de la crémation traditionnelle ? Quels sont ses avantages environnementaux et éthiques ?... Nous vous proposons ici d'en découvrir un peu plus sur l'aquamation et son procédé.

Qu’est-ce que l’aquamation ?

L’aquamation repose sur un procédé scientifique : l’hydrolyse alcaline. Concrètement, le corps du défunt est placé dans une cuve remplie d’eau chaude mélangée à des sels alcalins. Ce mélange reproduit de façon accélérée un phénomène naturel de décomposition qui, dans le sol, prendrait plusieurs décennies.

Brevetée aux États-Unis en 1888, cette pratique funéraire est aussi appelée « flameless cremation » (crémation sans flamme) dans certains pays anglo-saxons. Contrairement à la crémation traditionnelle (qui utilise le feu), ce procédé repose uniquement sur l’action combinée de l’eau, de la chaleur et des produits alcalins. D’où le terme « aquamation », qui vient du mot aqua (signifiant eau).

Comment fonctionne la « crémation par l’eau » ?

Le principe de l’aquamation peut paraître technique. Pourtant, il repose sur un mécanisme relativement simple : reproduire, en quelques heures, un processus naturel de retour à l’état minéral.

Le principe de base de l’aquamation

Le processus implique l'immersion du défunt dans une cuve hermétique remplie d’eau chaude enrichie d'agents alcalins, à savoir de potassium ou de sodium. Cette solution est chauffée à une température d’environ 100°C, pendant 5 à 10 heures en fonction de la corpulence de la personne. La combinaison de la chaleur, de l'alcalinité et de l'agitation de l'eau accélère la décomposition naturelle des tissus et les transforme en une solution liquide stérile. Les os résiduels deviennent, quant à eux, friables. Ils sont réduits en une fine poudre blanche, similaire aux cendres obtenues après la crémation traditionnelle. Ces « cendres » sont ensuite remises à la famille dans une urne funéraire, pour être inhumée dans un cimetière ou pour être placée dans une case de columbarium. Le défunt peut également laisser pour volonté une dispersion des cendres.

Comparaison avec la crémation traditionnelle

L’impact environnemental des obsèques est une préoccupation croissante. De plus en plus, les crématoriums prennent des mesures pour préserver l’environnement : réduction des rejets atmosphériques, maîtrise et réduction de la consommation d’énergie… Les établissements gérés par Crématoriums de France, par exemple, portent des valeurs éthiques et environnementales. Ils s’équipent d’appareils de crémation modernes (avec un dispositif de filtration pour maintenir des émissions atmosphériques très en-deçà de la réglementation en vigueur), de panneaux photovoltaïques et de systèmes de récupération d’énergie. Si la crémation classique est énergivore, des actions sont menées pour limiter l’impact sur l’environnement.
L’aquamation se veut être un procédé totalement stérile, ne dégageant ni fumée ni gaz. Elle consommerait cinq fois moins d'énergie que la crémation par le feu.

Autre différence :
Là où la crémation transforme les os en cendres grisâtres, l’aquamation restitue une poudre fine blanche. Symboliquement, certaines familles perçoivent cette couleur comme plus apaisante.

Les avantages de l’aquamation

Cette pratique funéraire par l’eau répond à une double attente : limiter l’impact écologique des obsèques, et offrir un rituel relativement doux, en phase avec une vision apaisée de la mort.

Un choix écologique

Dans un contexte où l’impact environnemental des obsèques est une considération grandissante, l’aquamation s’affiche comme une alternative à l’inhumation et à la crémation. Celle-ci se distingue par une empreinte carbone réduite :

• Elle consomme moins d’énergie (absence de combustion).

• Elle limite les rejets atmosphériques et les émissions de gaz à effet de serre.

Ces atouts en feraient une solution alignée avec les considérations écologiques et les volontés d’obsèques vertes.

Une dimension éthique et symbolique

Choisir l’aquamation, c’est aussi privilégier une approche douce du passage de la vie à la mort. Le processus, sans flamme, est perçu comme moins violent par certaines familles. Le défunt est comme « accompagné » vers une transformation naturelle.
Cette perception joue un rôle important dans l’acceptation du rituel : la couleur claire de la poudre obtenue, la métaphore de l’eau comme élément purificateur ou encore la continuité avec le cycle naturel renforcent l’idée d’un hommage respectueux. Dans ce sens, l’aquamation propose un rituel plus en accord avec les valeurs et les sensibilités contemporaines.

La réglementation funéraire en France

En France, la législation funéraire encadre strictement les pratiques liées aux obsèques. Depuis la loi du 15 novembre 1887, chacun est libre d'exprimer ses dernières volontés concernant les modalités de ses funérailles. Cependant, uniquement deux modes de sépulture sont autorisés à ce jour : l’inhumation et la crémation. Des alternatives émergent à l'instar de l'aquamation et de l'humusation. Leur adoption nécessiterait une révision de la réglementation funéraire – concernant le cercueil notamment.
À noter que l'Assemblée nationale a discuté en novembre 2021, d'une éventuelle autorisation, à titre expérimental, des opérations de crémation par l’eau (aquamation) pour Saint-Pierre-et-Miquelon. La mesure a été rejetée, mais le débat reste ouvert.

Plusieurs acteurs du secteur funéraire plaident pour une évolution de la réglementation, afin d’intégrer des pratiques plus durables et répondre aux attentes des familles sensibles à l’écologie. À l’image de ce qui s’est produit pour la crémation, une reconnaissance légale future n’est pas exclue.

La réflexion sur l'avenir des pratiques funéraires est fondamentale pour répondre aux attentes sociétales et aux préoccupations environnementales croissantes. Des initiatives comme les forêts cinéraires et les discussions autour de l'humusation démontrent une volonté d’ouverture vers des obsèques plus écologiques. Il apparaît donc opportun d'engager un dialogue collectif sur les obsèques vertes afin d’harmoniser les traditions culturelles avec les innovations technologiques et le respect de la planète.