Quelles sont les personnalités inhumées au Panthéon de Paris ?

Situé en plein cœur du Quartier latin, le Panthéon accueille les grandes personnalités honorées par la nation. Ce mausolée édifié par Soufflot au XVIII^e siècle compte dans ses cryptes 26 caveaux et 81 sépultures. De Voltaire en 1791 à Missak Manouchian en 2024, des hommes et des femmes, du monde scientifique et politique notamment, ont reçu l’immense honneur d’y reposer.

N’y entre pas qui veut ! Alors : qui est inhumé au Panthéon ? Quelle est la dernière femme à y avoir été inhumée ? Nous vous proposons une « visite virtuelle » de l’un des monuments les plus emblématiques de Paris.

Le Panthéon de Paris, un mausolée historique

L’église Sainte-Geneviève n’avait pas vocation à devenir le temple des grands hommes et des grandes femmes de la nation. Ce qui deviendra le « Panthéon de Paris » trouve son origine dans une promesse de Louis XV : reconstruire l'édifice dédiée à la sainte patronne de Paris et de la France.

Il faut attendre 20 ans pour que le chantier débute - la première pierre est posée en 1757 et la construction s'achève en 1790. Financé en partie par une loterie royale, le projet est confié à l'architecte Jacques-Germain Soufflot, qui imagine un ouvrage majestueux mêlant inspiration gothique et influences antiques.

Le nom de Panthéon lui est attribué en 1791 par l’Assemblée nationale constituante, lors de sa transformation en mausolée républicain. Inspiré de l’Antiquité grecque et romaine, où un panthéon est un temple dédié à tous les dieux, ce nom symbolise ici un lieu consacré aux grandes figures de la nation. La décision intervient dans un contexte révolutionnaire où l’on cherche à exalter les idéaux de la République et à honorer les personnalités ayant marqué l’histoire de la France. Dès lors, l’église Sainte-Geneviève perd sa vocation religieuse et devient un monument civique, inaugurant cette nouvelle fonction avec l’inhumation de Mirabeau, bientôt suivi de Voltaire. Dès lors, l'édifice change de fonction à six reprises, oscillant au gré des régimes politiques successifs entre lieu de culte et temple républicain. Depuis 1885, avec l’entrée de Victor Hugo, il est définitivement consacré aux grandes personnalités françaises.

Qui a été inhumé au Panthéon au XVIII^e siècle ?

Le comte de Mirabeau est souvent cité comme la première personnalité à entrer au Panthéon. Pourtant, son repos y est de courte durée : le 21 septembre 1794, son cercueil en est retiré. La découverte de sa correspondance secrète avec Louis XVI, perçue comme une trahison par les révolutionnaires, entraîne son exclusion.

L’histoire retient davantage la panthéonisation de Voltaire, le 11 juillet 1791, comme un moment symbolique. Trois ans plus tard, la Convention nationale décide d’y transférer les cendres de Jean-Jacques Rousseau. Rivaux de leur vivant, ces deux figures majeures du siècle des Lumières reposent désormais face à face.

D’autres personnalités sont honorées à la fin du XVIII^e siècle, mais aucune ne reste durablement au Panthéon :

• Jean-Paul Marat, médecin et figure radicale de la Révolution, y est inhumé le 21 septembre 1794 après son assassinat par Charlotte Corday. Considéré comme un traître par le régime thermidorien, il en est retiré le 8 février 1795.

• Auguste Marie Henri Picot de Dampierre, général célèbre pour son rôle à la bataille de Jemappes, est également honoré, avant d’être discrédité par des soupçons de trahison.

• Louis-Michel Lepeltier de Saint-Fargeau, considéré comme le premier martyr de la Révolution pour avoir voté l’exécution de Louis XVI, repose quelques mois au Panthéon avant que sa famille ne réclame son corps.

Qui a été inhumé au Panthéon au XIX^e siècle ?

Au début du XIX^e siècle, le paysage politique français est bouleversé par l’instauration du Premier Empire. En 1804, un décret autorise désormais l’entrée au Panthéon de dignitaires civils et militaires. Cette même année, alors que Napoléon Bonaparte restitue l’édifice à l’ordre religieux, le premier homme à bénéficier de cette mesure y est inhumé : François Denis Tronchet. Il précède 41 autres personnalités, parmi lesquelles des généraux comme Gabriel Louis de Caulaincourt, Antoine-César de Choiseul-Praslin et Pierre Garnier de Laboissière, mais aussi des figures culturelles, à l’image du peintre Joseph-Marie Vien (1809).

L’une des panthéonisations les plus marquantes reste celle de Victor Hugo. En 1885, ses funérailles rassemblent près de deux millions de personnes dans une ferveur populaire exceptionnelle. Cet événement consacre définitivement la fonction républicaine et laïque du Panthéon, entérinée par la loi du 19 juillet 1881. Il ouvre également la voie à l’entrée de personnalités politiques, dont Sadi Carnot en 1894, seul président de la République inhumé à ce jour dans le monument.

Enfin, le 19 février 1829, le Panthéon accueille l’un de ses plus grands artisans : Jacques-Germain Soufflot, l’architecte qui l’a conçu.

Qui a été inhumé au Panthéon au XX^e siècle ?

Le XX^e siècle marque l’entrée au Panthéon de nombreuses figures scientifiques, dont Paul Langevin (1948), Louis Braille (1952) et les époux Curie en 1995. L’inhumation de Marie Curie constitue un événement majeur : elle devient la première femme honorée pour ses travaux. Avant elle, seule Sophie Berthelot avait été inhumée en 1907, aux côtés de son mari, le chimiste et ministre Marcellin Berthelot.

L’entrée de Jean Moulin en 1964, sur décision de Charles de Gaulle, est également un moment clé. Cet hommage renforce le rôle du président de la République dans le choix des personnalités panthéonisées.

D’autres figures marquantes reposent aussi au Panthéon :

• Émile Zola (1908), inhumé dans le caveau XXIV, aux côtés de Victor Hugo, lors d’une cérémonie troublée par des manifestations et une tentative d’assassinat contre Alfred Dreyfus ;

• Victor Schœlcher (1949), ardent défenseur de l’abolition de l’esclavage ;

• Jean Monnet (1988), l’un des architectes de la construction européenne ;

• André Malraux (1996), écrivain et ministre de la Culture sous la présidence de Charles de Gaulle.

Qui a été inhumé au Panthéon au XXI^e siècle ?

Seuls six écrivains reposent au Panthéon, parmi lesquels Alexandre Dumas, transféré par Jacques Chirac le 30 novembre 2002, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance.

Au XXI^e siècle, les panthéonisations rendent avant tout hommage à celles et ceux qui ont combattu pour la France. La mémoire de la Première Guerre mondiale est honorée en 2020 avec Maurice Genevoix, écrivain et académicien, dont les récits, notamment Ceux de 14, témoignent de l’horreur des combats. La Seconde Guerre mondiale est représentée par des figures de la Résistance et des rescapés de la Shoah : Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz (2015), les époux Simone et Antoine Veil (2018), Joséphine Baker (2021), première femme noire à entrer au Panthéon, ainsi que Mélinée et Missak Manouchian (2024).

Le Panthéon de Paris incarne bien plus qu’un simple mausolée. Il est le reflet de l’histoire de France, un lieu où la mémoire collective se construit au fil des panthéonisations. D’abord édifice religieux, il est devenu un temple républicain où reposent celles et ceux qui ont marqué la nation par leur engagement, leur courage ou leur génie. Des écrivains aux scientifiques, des figures politiques aux résistants, chaque entrée témoigne d’une volonté de transmettre des valeurs et d’inscrire ces destins dans l’héritage national.

À ce jour, 81 personnalités y reposent. Mais cette liste n’est pas figée. La dernière panthéonisation en date, celle de Mélinée et Missak Manouchian en 2024, illustre l'hommage rendu aux héros de la Résistance. Et bientôt, ce sera au tour de Marc Bloch, historien et résistant. Son entrée viendra rappeler que l’histoire et la mémoire restent essentielles pour comprendre le présent et bâtir l’avenir.